vendredi 6 mai 2016

DIEU EST-IL MOQUEUR?

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Par Eric Ruiz

Le 19 avril, lors de notre réunion de prière quotidienne, un texte biblique commenté par Gwen Shaw, dans son livre : " Au fil des jours" a créé une petite polémique parmi nous. 

Gwen Shaw ne va-t-elle pas trop loin lorsqu'elle écrit :

 "il est temps de se moquer de celui qui t'a fait souffrir" ?

La problématique est la suivante :

Un croyant a-t-il le droit de se moquer ?
Un croyant peut-il se moquer sans pécher?
Dieu se moque-t-il parfois? 
La moquerie est-elle un attribut de l'Esprit-Saint?

L’Éternel est miséricordieux, lent à la colère. Il fait grâce aux humbles... Mais il y a des limites, qu'il a fixées lui-même.
Cela lui arrive de se mettre en colère, tout comme cela lui arrive de se moquer.
Non, ce n'est pas une faiblesse de sa part, ni un faux -pas, c'est tout autre chose.

Il a en horreur les prétentieux, surtout s'ils se targuent de faire sa volonté, surtout s'ils se disent croyants, chrétiens, pasteurs; surtout s'ils maltraitent son peuple et s'ils persévèrent dans le mensonge.
Il se rit de ceux qui méprisent le faible, le pauvre, la veuve et l'orphelin ; il se rit de ceux qui sont méprisables. Mais il fait grâce aux méprisés, à ceux qui se font insulter sans raison, sans bonnes causes. 

Le Psaume 59:1-9 décrit ces croyants méprisables et hautains.
"Les voici, l'écume à la bouche, l'épée aux lèvres: "qui donc entendrait?" Mais toi Seigneur, tu t'en amuses, tu te ris de tous ces païens."

"Se rire" est dans le sens littéraire :" Considérer quelqu'un, quelque chose avec mépris, s'en moquer . Ne pas faire grand cas de quelqu'un qui n'est pourtant pas négligeable, être certain d'en venir à bout : Se rire des pièges d'un adversaire ".

Élie s'est ri des quatre cents cinquante faux prophètes de Baal au Mont Carmel qui attendaient la bénédiction de leur offrande. "Elie se moqua d'eux et dit: " Criez à haute voix! Puisqu'il est dieu, il doit être en train de penser à quelque chose, ou bien il est occupé, ou encore en voyage. Peut-être même qu'il dort et qu'il va se réveiller."

Élie a même poussé la moquerie en arrosant par trois fois son propre autel de 4 cruches d'eau. Même le fossé en était rempli.
Impossible qu'un feu puisse prendre avec une telle inondation.
Et pourtant... 
Dieu s'est ri d'eux en leur faisant honte, en les ridiculisant.
Un feu est descendu du ciel et a enflammé tout l'autel trempé d'Elie, jusqu'à l'eau du fossé qui l'entourait.
Les faux prophètes ont pris alors leurs jambes à leur cou et se sont enfuis, avant de se faire rattraper par le peuple et ils se sont faits exterminer.

Dieu se moquait de leur mépris et de leur arrogance. Il se moquait de leur méchanceté, de leur fausse sagesse remplie d'hypocrisie et de mensonges.
Voyez-vous ce n'est pas la moquerie par l'orgueil qui est manifestée ici. 
Dieu ne se moque pas pour écraser ni pour dominer son prochain. C'est de la moquerie contre ces hautains, qui veulent écraser l'œuvre de Dieu en voulant briller plus haut et plus fort que lui. 

Mais Dieu leur répond: " Je détruirai la sagesse des sages, et j'anéantirai l'intelligence des intelligents."(1Corinthiens 1:19)

Notre Dieu adore confondre les faux sages. Il prend tout son temps pour les amener jusqu'à terre, pour les humilier, après les avoir laissés briller par eux-mêmes.
Il leur laisse d'abord plusieurs longueurs d'avance: si bien qu'ils obtiennent la victoire, la gloire et les honneurs.  

Ils parviennent alors à un niveau de sentiment d'invincibilité extrême. Se sentant même immortel, ayant fait d'eux-mêmes un veau d'or. Puis une fois qu'ils se sont hissés au sommet de leur gloire, la chute est encore plus brutale car ils tombent de la hauteur à laquelle ils se sont auto-propulsés (rappelez-vous les étoiles qui brillent dans le ciel et qui s'éteignent en tombant).

A ce moment-là, Dieu met la lumière sur leurs œuvres ténébreuses. Elles sont rendues publiques, à la vue de tous; et les scandales, les fraudes, la corruption, leur violence, tout cela leur reviennent en pleine figure et les éclaboussent à tel point qu'ils n'osent même plus se regarder en face sans en éprouver de fortes nausées; à tel point aussi qu'ils finissent par être écrasés sous le poids de leurs mauvais projets, qui à la fin se retournent contre eux.

Dans le livre d'Esther, Haman qui avait projeté d'éliminer tous les Judéens par un décret inique avait préparé une potence pour Mardochée un Judéen entièrement dévoué à Esther et à son peuple. Dieu a permis qu’Haman et ses plans diaboliques se retournent contre lui et qu’il se retrouve pendu à sa place, sur cette même potence.
Jésus en fait une règle d’or : Remets ton épée à sa place car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée (Matthieu 26:52).


Le méchant forme des projets contre le juste, Et il grince des dents contre lui. Le Seigneur se rit du méchant, Car il voit que son jour arrive. " (Psaumes 37:12-13).

Alors on pourrait rétorquer : oui mais c'était sous l'Ancienne Alliance, le cœur de ses hommes étaient particulièrement durs et insensibles.

Qu'est-ce qui a changé aujourd’hui?

Le cœur de l'homme est le même qu'autrefois, c'est une erreur d'y voir une évolution.
Il y a simplement des lois et une culture qui freinent certains comportements criminels dans nos pays modernes ; ou encore, il y a un état de paix limitant les comportements agressifs.

Question: Alors Jésus, lui, ne riait-il jamais de ses persécuteurs?

Que faites-vous des religieux qui demandaient un miracle à Jésus, alors qu'ils le voyaient chasser les marchands du Temple ?  Ils n’ont eu comme réponse que celle-ci :
" détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai."

Pour cette génération méchante et adultère, Jésus, se rit des pièges tendus par ses adversaires, il les surprend en les défiant.

"Chiche : détruisez ce temple, moi, tout seul, il me faut pratiquement rien comme temps pour le reconstruire. C'est le seul miracle que je vous montrerai, vous êtes trop dédaigneux pour que je vous fasse plaisir autrement."

Jésus parlait bien sûr du temple de chair. Il leur parlait de repentance.
Un mot qui n'a aucun sens pour ce genre d'individus capable au plus d'éprouver quelques remords; car c'est toujours sous une fausse humilité qu'ils cachent leur mauvaises intentions.

Donc quand Dieu se moque, c'est qu'il a évalué son vis à vis selon sa réelle valeur. 
Il connaît ses intentions, son intérêt à se servir en premier et son désir de gloire personnelle au détriment des autres.

S'il se moque c'est qu'il a à faire à des vases vils, à des vases de perdition. 
Il ne va pas s'émouvoir pour ce genre d'utilisation éphémère et voué à la destruction.

"Car il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix de Christ, [...] Leur fin sera la perdition; ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne pensent qu'aux choses de la terre." (Philippiens 3:19)

La question que je vous pose est :
En jugeant ainsi ses ennemis, Jésus est-il moins aimable, moins amour pour autant ?

Soyons sérieux, éprouvons-nous des sentiments envers les choses que nous mettons à la poubelle ? Même si elles nous ont rendues bien des services, nous savions qu'elles finiraient ainsi. Alors ne soyons pas des sentimentaux excessifs à l'égard des choses périssables. Je peux écrire des choses magnifiques avec un stylo. Ça ne fait pas du stylo un objet plus précieux pour autant. Je sais qu'un jour, il arrêtera de fonctionner et que son encre finira de couler.

On a trop tendance à penser que nous, vases d'honneurs, ont aurait mieux fait que le potier. Mais rien n'a été fait injustement et sans qu'il y ait un sens profond.

Souvent on a simplement vu qu'une seule dimension dans l'amour de notre Seigneur. 

Mais on oublie qu'il y a quatre dimensions dans son amour comme il y a quatre dimensions dans notre univers. L'amour de Dieu se comprend avec tous les fidèles réunis (c'est-à-dire en  parfaite communion avec eux) pour savoir quel est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur. Ephésiens 3:18 nous dit que c'est ainsi que "nous connaîtrons ce qui dépasse toute connaissance : l'amour du Christ et que nous serons comblés jusqu'à entrer dans toute la plénitude de Dieu."
La plénitude de Dieu se conçoit en quatre dimensions. Ce n’est pas la connaissance qui peut nous y amener mais bien l’Esprit de révélation.

Jésus ne se moque pas de ses enfants, loin de là. Il les aime au point d'avoir donné sa vie pour eux. Alors il s’attendrit même quand ils sont en difficulté, ou quand ils souffrent ou quand ils s'égarent dans des chemins qui ne mènent nulle part.
Il les garde en point de mire pour s'en occuper comme d'un père avec ses enfants puis le temps venu, comme d'un fiancé avec sa fiancée.

Il a créé des êtres dans le but d'en amener d'autres à la perfection. Il a créé des êtres méchants pour faire progresser ses Elus. Bien que Dieu ne soit pas ténèbres, il a créé les ténèbres. Bien que Dieu ne soit pas mal il a créé le mal. 
Tout cela dans un but de croissance, d'édification pour employer un terme biblique. Pour que l'amour croît sans cesse.

La théorie de l'évolution pour Dieu, ce n'est pas Darwin, c'est la croissance infinie de son amour avec le nôtre.
Le diable c'est le marchepied de l'homme régénéré.
Les ennemis de Dieu sont nos adversaires qui nous font progresser.

Alors c'est sans doute paradoxal, mais aimer ses ennemis n'est pas contradictoire avec se moquer d'eux. Bien au contraire, c'est une dimension de l'amour de Dieu à explorer. Une profondeur inconnue.

Nous les aimons pour ce qu'ils sont, pour ce à quoi ils ont été destinés, pardon prédestinés. Nous les respectons, mais leurs projets demeurent ridicules, mauvais, remplis de haine, sans intérêts. Mais pas inutiles.

Et cela ne doit pas affecter un enfant de Dieu, qui se rit des pièges de son adversaire.
Si nous ne rions pas des pièges de l'ennemi c'est que nous y accordons de l'importance, trop d'importance ; C'est que notre vue est restée charnelle et non spirituelle.
Nous tremblons devant de mauvais projets, 
nous nous inquiétons de leurs conséquences; 
nous nous irritons de leur attitude hostile; 
Nous perdons notre paix face à leur énervement;

Alors que Jésus n'a-t-il pas dit à Judas qui venait l'embrasser comme signe de trahison: " mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le vite "?
Jésus a d'abord appelé son ennemi, son ami ; ensuite il est resté calme et serein dans une circonstance ou n'importe qui se serait énervé et mis en colère. La preuve, Pierre sorti son épée de son fourreau et coupa l'oreille droite du serviteur du souverain sacrificateur qui venait arrêter Jésus.

"Se rire de quelqu'un", c'est prendre à la légère ce qu'il complote de faire contre vous.
C'est accorder un intérêt secondaire et dérisoire à ce qu'il a déjà réalisé de malfaisant.
Se moquer, dans ce cas ce n'est pas se forcer à ne plus penser à ce qui nous a fait mal, ni à ce qui nous a blessé, mais c'est reconnaître que la situation si injuste soit-elle, est une bénédiction et donc c'est une raison de se réjouir.

Ce n'est pas de l'insouciance aveugle, c'est une insouciance mesurée et maîtrisée  par la foi.

Notre confiance en Dieu, nous permet de rire de nos ennemis et non d'être effrayés par eux.

"L’Éternel est pour moi, je ne crains rien : Que peut me faire des hommes ?" Crie le Psalmiste. " L'éternel est mon secours. Et je me réjouis à la vue de mes ennemis." (Psaume 118:6-8)

Alors pour résumer :
Un croyant peut-il se moquer ?
La réponse est : OUI
Et même plus, il DOIT arriver à ce stade de maturité !
C’est un passage obligé, une dimension supérieure de l’amour divin (agapé)
Mais vous l’aurez sans doute compris, il y a des conditions à remplir.

1.    C’est qu’il soit premièrement rempli de l’Esprit, pour discerner QUI sont ceux qui le méprisent réellement.
2.    Ensuite qu’il discerne qu’il est lui-même dans la paix et dans l’assurance que Dieu amène toutes ses affaires en justice.
3.    Que son insouciance se matérialise de manière concrète, par le repos en Jésus.

4.    Et enfin, c’est de continuer à percevoir l’ennemi, malgré son ridicule, comme un ami nécessaire et même indispensable à sa propre progression.

Si vous remplissez ces quatre conditions, alors vous pouvez, vous devez même vous moquer de vos persécuteurs. C'est une action normale d'un croyant mature.

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