dimanche 10 avril 2016

GAÏUS, MON FILS BIEN-AIMÉ

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Par Eric Ruiz

La troisième épître de Jean est une des plus courtes épîtres avec seulement 15 versets, pouvant tenir sur une seule feuille de papyrus.
On attribue cette épître à Jean car il est le seul apôtre à être encore en vie au moment de sa rédaction; écrite aux alentours de 85, 95 après J-C.


Jean est reconnaissable aussi par son humilité. Il se présente comme" l'Ancien". 
Il aurait pu dire l'Evêque, l'Apôtre, non il préfère utiliser le terme juste traduit souvent maladroitement par vieillard (je fais référence aux 24 vieillards d'Apocalypse).

L'apôtre Jean faisait partie des anciens de l'Eglise de Jérusalem. 
A ce titre il ne dirigeait pas seul. Jacques était l'évêque, mais il y avait Pierre aussi qui était un ancien, tout comme Jude et Silas qui ont été sélectionnés par l'Eglise pour partir avec Paul.

Alors très curieusement cette lettre ne s'adresse pas à une Eglise ou aux anciens, mais à une seule personne, un seul disciple du nom de : Gaïus; Un nom très courant dans l'empire romain. 

Mais ici Jean, met en avant ce frère par la confiance qu'il a pour lui.
Jean explique pourquoi il a confiance dans Gaïus. Ce n'est pas parce qu'il le connaît depuis longtemps ou parce qu'il parle bien de Jésus. 

Sa confiance est construite par les fruits qu’il montre. "Des Frères... ont rendus témoignage de la vérité qui est en toi.
Ses fruits sont l'hospitalité, qu'il exerce "même pour des frères étrangers ", ensuite ses fruits c'est sa charité reconnue aussi par l'Eglise.
Donc trois fruits sont reconnaissables chez Gaïus : la vérité (son enseignement inspiré par Jésus-Christ), son hospitalité (qui ne sélectionne pas), et sa charité (qui se reconnaît par la bonté, la bienveillance, la patience, la fidélité…)

Mais pourquoi Jean ne peut-il écrire directement à l'assemblée ? Pourquoi est-il obligé de passer par Gaïus ?

Au verset 9, la raison est évidente, le dirigeant de l'Eglise est un adversaire qui fait systématiquement barrage aux lettres de Jean.
Il s'inquiète que Jean puisse venir saper son autorité. 
Jean en retour ne cherche pas à le faire changer. Il ne lui fait passer aucun message d'exhortation, rien pour sa repentance, rien pour faire changer l'attitude des frères à son égard.
Par contre il le nomme.

Diotrèphe est le nom de l'opposant.
Diotrèphe: Deux particules, Dio et trèphe . En grec Dio: le Dieu grec: Zeus et trèphe : se nourrit
Cet usurpateur, se nourrit d'un faux Dieu, du Dieu grec. Il a amené une fausse nourriture, le paganisme est rentré dans l'assemblée des justes.

Jean nomme ses mauvais fruits d'abord puis son jugement.

Il "aime à être le premier". C'est un "moi-je", il ramène tout à lui, c'est un orgueilleux, un caractère autoritaire et despotique, on comprend alors pourquoi il amène une fausse nourriture. Il se met à la place de Jésus.
Il veut qu'on adore plus la créature (lui-même) que le créateur.
il ne reçoit pas les frères extérieurs (surtout s'il doit être repris par eux).
Il a contrairement à Gaïus une hospitalité sélective.
Enfin voyons l'état de son cœur, son amour.
Jean nous dit qu'il tient des propos méchants, il n'écoute pas ses propres frères et pire il va même finir par chasser de l'assemblée ceux qui le contredisent.

Voyez, l'inverse, l'opposé d'un Gaïus.

Là encore, Jean met en lumière l'état de santé de l'Eglise, à travers 3 indicateurs essentiels déjà vus avant à savoir:

  1. La vérité ( l'enseignement)
  2. L'hospitalité ( accueillir et garder des disciples dans l’assemblée).
  3. Et enfin l'amour ( absence de médisances, caractère doux, acceptant facilement la controverse et la remise en cause).
Ensuite Jean annonce son jugement au verset 11 : "celui qui fait le mal n'a point vu Dieu"

Terrible jugement. 
Le verset 11 ne dit pas autre chose que : Diotrèphe n'est pas né de nouveau, il n'a pas l'Esprit de Dieu en lui. C'est donc un usurpateur, un satan (qui signifie adversaire) puisqu'il disperse le troupeau.

Alors Jean, que fait-il?
Plutôt que de médire, d'être dans la médisance, il congratule, il est reconnaissant, il encourage ses frères dans l'épreuve.

D'abord il couvre d'éloges Gaïus, il l'appelle : "le bien-aimé que j'aime [... ] prospère à tous égard, sois en bonne santé [... ] comme l'état de ton âme [... ] ta sincérité [... ] tu agis fidèlement [... ] Je n'ai pas de plus grande joie que d'apprendre que mes enfants marchent dans la vérité."

Ensuite il dit du bien de Démétrius, un autre disciple, avec qui il souhaite parler bouche à bouche. (Rien à voir avec le baiser).

J'aime cette expression "parler bouche à bouche ". Elle traduit tellement bien la relation égalitaire, respectueuse qui existe entre deux disciples. Chacun parle, chacun écoute l'autre, avec le même intérêt, sans que l'un comme Diotrèphe souhaite être l'enseignant de l'autre, son supérieur.
Non, ici il n'y a aucun levain religieux faisant monter la pâte.

Alors pour nous aujourd'hui le message reste le même.
Nous avons parmi nous des Gaïus, comme des Diotrèphe; des disciples inspirés et de faux disciples infiltrés. Les inspirés et les infiltrés qui se côtoient, qui croissent ensemble côte à côte, puis qui se séparent ( comme l'est aussi la vie de l'ivraie et du bon grain).

L'ennemi est entré dans les assemblées comme Diotrèphe. L'apôtre Jean est témoin vers la fin de sa vie, de l'apostasie des assemblées. Il est témoin du cycle des 4 âges, des 4 périodes des Eglises, comme les 4 saisons, à savoir:

1-  Le printemps,la naissance, ou la renaissance(le Saint-Esprit descendant sur les disciples, dans la chambre haute, à la Pentecôte)


2-L'été, le réveil, (3000 âmes de plus baptisées en un jour, à Jérusalem)


3- L'automne, la croissance ( les apôtres implantant par deux de nouvelles assemblées).

4-L'hiver, la chute, la mort, l'apostasie, (la persécution dans l'Eglise par des faux oints , des faux docteurs, des faux apôtres infiltrés, qui chassent les opposants et lient les autres, par l'idolâtrie). 

Puis le cycle recommence par un renouveau, où l'Esprit touche un nouveau prophète etc.

L'apôtre Jean écrit cette épître, alors que l'Eglise est dans cette troisième phase. 
L'ennemi a pris l'apparence d'un loup cruel, déguisé en habit de brebis. Rappelez-vous l'habit, les habits, ce sont les œuvres, et Diotrèphe exprime sans doute de belles œuvres religieuses, mais aussi un faux enseignement, une fausse compassion, un amour superficiel, des relations intéressées, une fausse sagesse. C'est un des fils du mensonge.

Ce que nous devons retenir, de cette Eglise de la fin du premier siècle, pour nous croyants du XXI ème siècle:

C'est en premier l'attitude des croyants. 

Aucun d'entre eux ne cherchent à s'opposer à Diotrèphe, car son sort est déjà entre les mains de Dieu et il n'accapare pas les pensées ni le cœur des disciples.
L'attitude des frères est donc un exemple. Elle est reconnue par ceux de l'extérieur comme étant juste, pratiquant le bien et cherchant l'hospitalité envers TOUS, comme Gaïus.
L'apôtre Jean insiste à la fin de la lettre par le lien amical qui existe entre tous: "les amis te saluent, salue les amis, chacun en particulier."

La force réside dans la communion fraternelle. L'amitié entretenue et développée au travers de relations simples et vraies. Personne n'est mis à l'écart, ni méprisé, chacun est apprécié pour ce qu'il est, 
" salue...chacun en particulier; nom par nom (version Martin)". Cette petite expression en dit long sur la qualité et le respect attribué à chaque frère et à chaque sœur.

L'apôtre finit par souhaiter la paix. "
Que la paix soit avec toi!"
Ce n'est pas une expression passe partout, c'est dans l'épreuve, dans la tempête que cette salutation prend tout son sens.
Il aurait pu dire: garde ta chair en bride !
Ne laisse aucun accès à l'ennemi !
Mais c'est sans connaître le niveau spirituel de Gaïus qui le fait déjà !
Il aurait pu se mettre légitimement en colère aussi, face au sort de son ami Gaïus, qu'il a vu naître dans la foi (verset 4) ; Et qui maintenant est persécuté par un des siens, un faux-frère.

Non, Jean qui a le Saint-Esprit, ne s'embarrasse pas de mauvaises considérations. 

Il lui témoigne simplement de sa fidélité, de son soutien ; ce qui est juste puisqu'il repose sur la bonne réputation de Gaïus par son assemblée.
Mais les mots employés par Jean vont encore plus loin. 

Par quatre fois l'apôtre emploie le mot "bien-aimé ".

S'il insiste autant sur ce mot, c'est pour montrer l'appartenance de Gaïus à un groupe privilégié. Jean a discerné un membre de l’Épouse, un élu, comme lui.

Le grec confirme cela: bien-aimé c'est "agapetos" que l'on peut traduire par élu, favori, digne d'amour, préférer, ou encore aimer chèrement ".
Agapé, le seul amour divin uni à agapetos, ses Elus.

Le roi David était aussi le "bien-aimé " du Seigneur. Le roi préféré parmi tous les rois de Juda et d’Israël. David en hébreu a ce sens d'ailleurs de bien-aimé.

Dans les épîtres tous n'ont pas cette particule attachée à leur nom. Paul l'emploie plusieurs fois pour Timothée, "mon enfant bien-aimé", pour Tychique aussi, "le frère bien-aimé, le ministre digne de confiance "ou pour Onesime, Philémon, Luc le médecin bien-aimé, Epaphras etc..

Quant-à Jésus, il l'emploie lors de la transfiguration: " celui-ci est mon fils bien-aimé ; Ecoutez-le ! ". Dieu le Père, celui qui est dans les cieux, adresse cette identité filiale, pas seulement à Jésus-Christ, son Fils unique, mais aussi à ceux qui ont disparu dans la nuée, à savoir Moïse et Elie.


Pourquoi suis-je si affirmatif ? 

Lisons Galates 3:26 : " Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ; vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ "

Les fils et les filles bien-aimés de notre Seigneur baptisés en Christ, sont ses enfants royaux adoptés. Ils ont "revêtu Christ", eux-seuls sont Christ. Ils règnent avec lui sur son trône. 
Il y a trois sortes d'enfants bien aimés. Il y a 3 généalogies, qui n'en forment au final qu'une seule :

1- Ceux issus de la loi de Moïse parmi les 12 tribus d'Israël, 

2- et il existe aussi des enfants issu des prophètes descendant d'Elie. (Elisée, Jean le Baptiste,...)

3- Enfin il a des enfants issus des disciples de Jean, Pierre et de Jacques, les trois colonnes ou piliers de la première Eglise de Jérusalem, qui étaient présents lors de la transfiguration.


Le livre des Cantique des cantiques est celui qui utilise le plus cette particule "bien-aimé", (27 fois dans la version Louis Segond) pour montrer le haut niveau d'intimité de la relation Épouse-Époux.

Les fils de Dieu sont les fils bien-aimés. "Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom je suis au milieu d'eux", illustrent parfaitement notre Dieu régnant avec ses fils.

En cela rappelez-vous Jésus est pluriel, en cela il est l'Elohim régnant. Elohim traduit par Dieu au pluriel.

Jésus, Yeshoua, régnant avec Elohim ses fils; ils ne font qu'un.

Il est la tête d'un corps, constitué de multiples fils et filles de sa nature.

Jésus est la tête ; et sans son corps, il n'est pas complet, il n'est pas Dieu.


Il est entier et unique avec sa bien-aimée, avec son Épouse, voilà le pluriel.

Il faut définitivement en finir avec cette vision d'un Dieu seul, isolé, omnirégnant, ne cherchant qu'à être le seul objet d'adoration, voulant un peuple en vis-à-vis qu'il écrase par sa puissance, son autorité et sa gloire. 
Cette définition correspond à celle du dieu Baal, à celle du diable. Le temple de l’Éternel est bâti au milieu de son peuple, pas au-devant de lui. 

Le tabernacle était construit au milieu des 12 tribus d'Israël. C'est plus qu'une simple nuance, c'est capital de saisir ce mystère de la sorte. 
L'amour de Dieu n'est pas centré sur lui, (il est l'opposé même de l'égocentrisme, il est dans l'abnégation complète) la preuve, il envoie son Fils unique à la mort pour nous et à notre place.

"Dieu seul souverain," c'est une fausse représentation de notre sauveur. 
Il n'a de désir et de plaisir, lui, que dans la communion avec ses Fils qui est son parfum préféré.
Il n'est pas "le seul créateur", il nous a permis de créer avec lui, en lui. Car nous étions en lui au moment de la création, comme nous étions en Eden au moment de la chute d'Adam et Ève. 
Aujourd'hui, la science de la génétique nous permet de comprendre ce phénomène.
Les gènes se transmettent par nos cellules de génération en génération. Nos gènes étaient en Eden, et une partie de nos gènes sont divines.

La communion des saints est une réalité éternelle devant son trône et sur son trône. C'est ce que nous comprenons d'Apocalypse 4 et du deuxième être vivant à face de bœuf. Cette réalité, nous la retrouverons d'abord sur terre avant de la retrouver au ciel.

Pourquoi ?

Car "
que ta volonté se fasse sur la terre comme elle est faite au ciel" c'est notre prière, c'est la prière de l'Esprit saint qui est en nous.

Alors que ta volonté soit faite Seigneur: 

Rassemble tes bien-aimés! 

Rassemble tes Elus !
Rassemble tes préférés !
Rassemble tes dignes d'amour, ceux que tu aimes chèrement.
En un mot, rassemble tes "agapetos."

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