jeudi 11 février 2016

LE DÉNOMBREMENT

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par Eric Ruiz

- Pourquoi Jésus interdit il de comptabiliser le nombre de gens de son peuple?

Le dénombrement a toujours été pour moi un mystère. C'est un commandement relié à un interdit contradictoire. "Tu dois! Mais tu ne dois pas !"


Lisons plusieurs versets à ce sujet.

" Lorsque tu compteras les enfants d'Israël pour en faire le dénombrement, chacun d'eux paiera à l'Eternel le rachat de sa personne, afin qu'ils ne soient frappés d'aucune plaie lors de ce dénombrement...Tout homme compris dans le dénombrement, depuis l'âge de vingt ans et au-dessus, paiera le don prélevé pour l'Eternel. "( Exode 30:11-14)

" Satan se leva contre Israël, et il excita David à faire le dénombrement d'Israël […] Cet ordre déplut à Dieu, qui frappa Israël. David dit à Dieu: «J'ai commis un grand péché en agissant comme je l'ai fait! Maintenant, veuille pardonner la faute de ton serviteur, car je me suis vraiment comporté de façon stupide »." (1 Chroniques 21)


Ce que l'on constate, c'est que Dieu se donne seul le droit de faire le dénombrement ; et quand il le fait comme dans Exode 30:11, c'est pour faire des reproches au peuple. Et à l'inverse, quand on prend soi-même l'initiative de le faire, c'est que satan nous y incite.
On le voit bien avec David qui s'attire un châtiment.

Dieu nous montre que le dénombrement va avec une obligation de rachat.
Chaque israélite, membre du peuple devait payer le sien à partir de 20 ans.

Pourquoi payer ?

D'abord parce que lorsque Dieu décidait de faire le dénombrement, c'était toujours à la suite d'un péché du peuple. C'est pourquoi il insistait tant autrefois pour que le rachat soit fait, que chacun ait payé la somme due, sinon le châtiment s'appliquait instantanément  : ils étaient frappés d'une plaie.

Quand Dieu faisait faire le dénombrement, il révélait en même temps les péchés du peuple
Par exemple, ceux qui n'étaient plus là qui avaient été exterminés au combat correspondaient à ceux qui avaient mal agi. C'est pourquoi l'offrande était attachée au dénombrement.
Ensuite parce que le dénombrement est un manque de foi. Un manque de confiance à l'égard de notre Dieu.
Cela signifie plusieurs choses :

1.    que l'on souhaite estimer, évaluer ses propres forces.
2.    Calculer si on est assez nombreux pour remporter une bataille.
3.    Vérifier l'état de ses troupes.
C'est l'inverse de la foi.

Dieu se plaît dans la faiblesse et le petit nombre. Le Seigneur prend plaisir dans ce qui est humble et insignifiant.
"Car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse"
" Car quand je suis faible, c'est alors que je suis fort." nous dit Paul.

Dieu fait appel à un enfant avec comme arme de guerre une fronde, quelques cailloux  et une corpulence ridicule, pour tuer le monstre philistin Goliath. Il permet que son prophète Daniel soit jeté dans la fosse aux lions. Il donne une armée insignifiante à Gédéon pour combattre l'énorme armada militaire des Madianites, il laisse aller trois israélites remplis de foi dans la fournaise.

Si aujourd'hui nous demandons un signe à Dieu pour savoir si nous allons remporter la victoire, nous pêchons par manque de foi.

C'est vrai que nous n'avons pas à payer quoi que ce soit pour cela. Car Jésus nous a racheté à grand prix. Mais cela dénote un manque de sacrifice de notre part a son égard.

Le combat est orchestré par le Très-Haut et gagné par lui seul.
La victoire n'est pas notre affaire, c'est la sienne.

Le religieux lui est dans la " culture du nombre", dans " la culture du chiffre", c'est un vrai commercial, un vrai vendeur de chaussures.
Rassurez-vous, je n'ai rien contre les vendeurs, mais ce sur quoi je veux pointer du doigt, c'est sur l'esprit religieux.
Lorsqu'un croyant a cet esprit, il est reconnaissable, car il veut toujours se montrer plus spirituel, mieux inspiré, plus fort que les autres, toujours à vous donner des leçons. Et on le sait  afin de dissimuler son péché, afin de cacher ses mauvaises intentions, son mauvais cœur. Son fruit: c'est le nombre; il comptabilise.

Or Jésus n'a pas dit:" je vais faire de toi un comptable, mais un pêcheur d'hommes."
Alors, dans un milieu religieux on vous demandera bien sûr de comptabiliser vos victoires, parce que les Eglises comptent leur membres, ils recensent à tout va.
Alors, l'Eglise recensera votre force:

·         A Combien de personnes avez-vous parlé de Dieu aujourd'hui ?
·         Combien de fois avez-vous lu la Bible aujourd'hui ?
·         Avez-vous prié plusieurs fois dans votre journée ?
·         Avez-vous distribué des tracts pendant ce mois?
·         Avez-vous prié pour la guérison de plusieurs personnes ce mois-ci ?
·         Combien de baptême d'eau avez-vous fait depuis que vous vous êtes convertis?
·         Avez-vous amené plusieurs personnes au Seigneur dans votre vie?

En fait toutes ces questions paraissent à première vue légitimes et pertinentes. Elles dénoteraient une envie de cerner l'efficacité du croyant, son zèle à aller au combat.
Mais, attention, il y a danger, c'est tout le contraire de ce que Dieu veut.
Il hait ce genre de pratique.
C’est faire du dénombrement.
C'est faire confiance à ses propres forces.
C'est de l'orgueil spirituel.
Le croyant est alors gratifié par ses actions, par de belles démonstrations visuelles. Mais pour Dieu qui regarde au cœur, ce n'est que de la poudre aux yeux. Une telle attitude flatte la chair, et fait croire aux autres que votre ministère est fructueux, alors qu'il est vide et misérable.

Oui mais, allez-vous me dire, dans toutes les Eglises, ils utilisent ce genre de baromètre pour évaluer la santé spirituelle du croyant.

Ne vous y trompez pas, C'est un signe d'apostasie et non de réveil.
Les Églises sont remplies d'imposteurs, de menteurs qui jouent " à être" un croyant haut de gamme, en "faisant".
Ce n'est que de l'imitation de la Vérité.

Une question se pose:
Avez-vous besoin de faire pour être?

Si votre réponse et oui, c'est que vous n'êtes pas mature. Vous n'avez pas atteint l'âge spirituel de 20 ans pour aller au combat. Vous ne faites pas assez confiance au Seigneur.

Quelles sont les bonnes questions à se poser?

·         Suis-je dans la paix et la joie dans mon activité ?
·         Est ce que mon silence et mon attitude changent l'ambiance quand je suis en compagnie ?
·         Est-ce qu'autour de moi je constate des gens qui ouvrent leur cœur, qui me font confiance ?
·         Ai-je un ton directif et accusateur quand je reprends un frère ou une sœur?
·         Suis-je maître de moi en toutes circonstances ?
·         Est ce que je prie patiemment  le Saint-Esprit de me parler avant d'agir?
·         Ce qui m'intéresse vraiment, est-ce le besoin de la personne en face de moi ou la satisfaction de voir l'effet que j'ai sur elle?
·         Ai-je envie d'imposer mes idées aux autres ou ai-je le désir d'écouter l'autre pour connaître ses réelles intentions et discerner son besoin et l'état de son cœur ?

Toutes ces questions doivent naturellement nous montrer l'état de notre vie spirituelle.
Elles sont un indicateur beaucoup plus précis que le dénombrement.

Une journée passée sans que rien ne se produise en apparence, mais en ayant eu de multiples satisfactions de paix, de joie et de louange pour le Seigneur, c'est montrer une grande disponibilité pour notre créateur.

Il sait qu'il peut investir en vous sans que vous soyez dans l'énervement et l'impatience de voir une production.
S'attendre à lui est une attitude de cœur avant tout. Car c'est lui seul qui "donne le vouloir et le faire".

Je me rappelle le récit d'un homme de Dieu très humble et connu qui n'hésitait pas à parcourir des milliers de kilomètres pour visiter une femme très malade. Il allait chez elle et attendait patiemment sans rien dire ou en partageant de simples banalités, afin que les choses évoluent comme sur la vision qu'il avait eue. Alors la chose faite il se levait, priait courtement pour son rétablissement, et  courtoisement s'en allait en donnant  juste un petit conseil : "n'oubliez pas de remercier le Seigneur Jésus Christ pour votre guérison".
Il ne faisait pas dans" La Grande démonstration de délivrance. " Il voulait simplement être là où Dieu avait besoin de lui. Et ce n'était pas forcément devant des foules immenses, ni en passant à la télévision.

Donc pour en revenir au dénombrement.
Que les choses soient claires pour tout le monde, le péché n'est pas dans le dénombrement.
Le dénombrement dévoile le péché.
Quand le roi David était inspiré à le faire s'était pour dissimuler un péché.

Pourtant qu'avait il à dissimuler?

David remportait victoires sur victoires. 
Les chapitres 19 et 20 du livre des Chroniques ne font que relater ses luttes glorieuses face aux peuples ennemis. Le but était de dépouiller l'ennemi de ses trésors : or, argent, pierres précieuses… pour la construction du futur temple de Dieu.
Arrivée à la fin du chapitre 20, le but que l'Eternel souhaite était enfin atteint.
David avait reconquis l'ensemble du pays de Canaan (promesse faite à Abraham) et pacifier ses frontières.

Or, David  en veut plus, beaucoup plus.
Avide de victoires, il veut recenser le nombre de ses guerriers disponibles pour continuer d'autres conquêtes.  Voilà la raison principale du recensement.

Le fait de vouloir plus de victoires, plus d'or que Dieu ne souhaite, est un péché.

Nous connaissons tous le nom de ce péché dans lequel David est tombé pour un temps seulement : C'est l'orgueil.
D'ailleurs il en prend aussitôt conscience puisqu'il sait que son armée et son peuple ne sont point fautifs.
Aussi face au châtiment David qui a un grand cœur se reprend et dit : " c'est moi qui ait ordonné le dénombrement du peuple, c'est moi seul qui ait péché, c'est moi qui ait commis une faute très grave. Mais ce pauvre troupeau qu'à t-il fait de mal? Éternel mon Dieu frappe-moi donc plutôt ainsi que ma famille, mais que ce fléau ne s'abatte pas sur ton peuple." (1Chroniques 21:17)

Pour nous l'expérience de David doit être un exemple, afin de ne pas tomber dans le même piège.
Ce n'est pas le nombre de victoires qui est important. Là aussi "la culture du chiffre " fait gonfler l'orgueil comme le levain des pharisiens.

Ce qui est important c'est la question: qu'est-ce que le Seigneur attend de moi?

Si c'est juste d'aller soutenir une veuve dans le besoin, cela vaut mille campagnes d'évangélisation faites sans le consentement de Dieu.

Mes Frères et Sœurs le temps n'est pas à la conquête de nouveaux territoires.

Le temps est à rendre notre cœur et nos vies disponibles pour Dieu.

Faisons l'œuvre qu'il a préparé pour ce jour sans nous soucier de ce qui se passera ensuite. Semons ce que nous avons dans les mains sans faire de dénombrement, sans chercher à savoir combien de graines vont pousser et combien vont périr. C'est le Seigneur qui arrose, c'est lui seul qui fait croître.

Amen

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